CONFÉRENCE

 

      CONFERENCE  ACDI  CANADA        



L'Agence canadienne de développement international (ACDI) organise une conférence ce week-end à Montréal afin de débattre du plan d'aide à l'Afrique qui sera au coeur de la prochaine réunion des pays du G8, dont le Canada sera l'hôte. Le premier ministre du Canada, Jean Chrétien, milite très fort en faveur d'un plan, le NEPAD, ou "Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique". Ce plan ne fait pas que des heureux, certains le trouvant plus proche des besoins des pays riches que de ceux des pays africains.

Le premier ministre du Canada ainsi que d'autres dirigeants du G8 et certains chefs de gouvernement africains planifient l'avenir de l'Afrique mais sans se soucier des partenaires cruciaux que sont les citoyens des États-nations africains.

Mais en fin de semaine, alors que les fonctionnaires canadiens réuniront des experts africains pour recueillir leurs commentaires sur le NEPAD, ils risquent de se heurter à des obstacles de taille sur la voie de Kananaskis. Un grand nombre d'Africains réunis à Montréal réclameront que le NEPAD soit "renvoyé chez eux" en vue d'un débat public. Bien que le plan de développement social et économique englobe bon nombre de questions clés telles l'accès aux soins médicaux essentiels, la paix et la sécurité, le commerce et l'investissement, la sécurité alimentaire, la démocratie et la bonne administration gouvernementale (la "gouvernance", en anglais), récemment encore, peu d'Africains avaient entendu parler de ce document. Or, plus cette initiative devient connue, plus il apparaît clairement que beaucoup ne sont pas prêts à souscrire à un plan qui reprend sous une autre forme des stratégies qui ont échoué.

Certaines "réformes" du NEPAD ont déjà été mises à l'essai en Afrique. Ainsi, les programmes d'"ajustement structurel" promus par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont affaibli un grand nombre d'économies et de gouvernements du continent. En Afrique subsaharienne, où on compte près du quart des gens souffrant de la faim dans le monde en développement, 28 des pays se sont appauvris entre 1980 et 1996, soit au cours de la période de libéralisation commerciale la plus rapide. Le NEPAD repose essentiellement sur l'idée que le financement au titre de l'aide doit être consacré à des réformes nationales (juridiques et institutionnelles) susceptibles d'ouvrir le continent à l'investissement direct étranger du secteur privé, ce qui réduirait la pauvreté.

Mais cette logique entraînera certains problèmes. En premier lieu, la croissance économique et l'investissement direct étranger ne sont pas synonymes de réduction de la pauvreté.


Bien que l'Amérique latine ait enregistré une forte croissance du commerce et de l'investissement entre 1990 et 1997, la pauvreté et les disparités économiques ont progressé au même rythme que les économies. Pour réduire la pauvreté, les citoyens, en particulier les pauvres et les exclus du pouvoir, doivent participer à la négociation de nouvelles mesures et obtenir le respect de leurs droits afin d'améliorer leurs moyens de subsistance. La vision limitée de la démocratie et de l'administration gouvernementale du NPDA ne favorise guère ce processus de prise en charge.

En second lieu, rien n'indique que l'investissement direct étranger surviendra à la suite des réformes préconisées par le NEPA. Un grand nombre d'entre elles sont appliquées depuis des années aux économies nationales africaines alors que l'investissement direct étranger n'a cessé de décliner. La part de l'Afrique dans l'investissement direct étranger mondial, qui se rapprochait de 10 % au milieu des années 90, représente moins de 3 % à l'heure actuelle.

La plupart des champions mondiaux d'une aide internationale accrue recommandent une approche fondée sur les droits pour satisfaire les besoins de développement. Mais le NEPAD salue à peine cette démarche. Par exemple, l'accès aux services sociaux n'est pas affirmé comme un droit fondamental, non plus que l'éducation et la santé. Selon le document du NEPAD, l'investissement dans les secteurs sociaux a pour but d'aider l'Afrique à "participer au processus de mondialisation". Toujours selon le document, il y a lieu de promouvoir la santé car elle "contribue à accroître la productivité et, par conséquent, la croissance économique".

En fait, c'est la démarche inverse qui est la bonne. La croissanc


 ne saurait être une fin en soi. Son utilité doit être mesurée à l'aune de sa contribution à l'amélioration de l'existence des pauvres. Un "véritable" partenariat pour éliminer la pauvreté, redresser les injustices et réformer les institutions mondiales nécessite des changements dans les économies développées du Nord ainsi que de l'Afrique.

Fait important, l'entrée en scène du NEPAD et le soutien que lui accordent le premier ministre Chrétien et les autres dirigeants au sein du G8 ont inscrit le sort de l'Afrique parmi les préoccupations publiques internationales. Mais ce sort ne peut être amélioré sans la participation des citoyens ni sans une détermination (des gouvernements africains et des pays donateurs) à écouter les vraies solutions proposées par les Africains. C'est seulement alors qu'il sera possible d'affirmer et de réaliser les droits sociaux, économiques, culturels, politiques et civils des peuples africains.

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